1,4 milliard d’euros de bénéfice et « je vous emmerde ». Certes, c’est une expression très familière qui signifie considérer quelqu’un comme quantité négligeable, mais qui hélas conviendrait assez bien, au comportement de Michael O’Leary, le patron de Ryanair la compagnie aérienne low cost. Face à une grève que l’on pourrait dire européenne, sa compagnie refuse d’indemniser les passagers pour les vols annulés.

Argument avancé : la grève des pilotes est une circonstance exceptionnelle. Sachant que s’il n’y a pas de circonstance exceptionnelle, l’indemnisation doit être le plus souvent comprise entre 250 euros et 600 euros en fonction de la distance du vol. Elle est prévue par l’article 12 du règlement européen no 261/2004, qui régit les droits des passagers aériens. Et Michael O’Leary, pour ne pas payer, estime que cette grève rentre exactement dans le cadre d’une circonstance exceptionnelle. « Bullshit », pour un homme qui jouit de jouer au bras de fer avec ses employés, capable de casser les grèves, et de laisser pourrir la situation.

Un patron souvent défini comme grossier et régulièrement prétentieux, qui vit d’une réussite obtenue aussi grâce à ses pilotes et à ses hôtesses épuisés par les cadences de vols et écoeurés d’être sous-payés, au regard de ce qu’ils sont capables de produire. Aucun respect pour son personnel, trop fier d’avoir, c’est vrai, démocratisé le secteur aérien, l’homme vit sur son petit nuage.

Comme on dit, il n’y a pas de petites économies… Pour exemple, chaque année en France, Ryanair toucherait 35 millions d’euros d’aides. Étonnant, pas vraiment. Ryanair fait le plein d’argent public, et dans le sud de la France, c’est à Montpellier que l’on met la main au portefeuille, avec l’idée saugrenue de développer ainsi le tourisme. Alors les collectivités versent des subventions à l’APFTE, une association locale qui les reverserait ensuite à AMS, une filiale de Ryanair basée sur l’Ile de Man, un paradis fiscal.

Certains élus locaux trouvent ces subventions justes, voire adéquates pour soutenir l’activité économique de l’aéroport et de la région. Des subventions annuelles qui risquent bien de devenir des subventions illégales selon la Commission européenne. Ryanair parle d’accords commerciaux, mais la Commission a annoncé le 4 juillet 2018, l’ouverture d’une enquête afin de « déterminer si les contrats de service marketing conclus entre l’Association pour la promotion des flux touristiques et économiques (APFTE) et Ryanair à l’aéroport de Montpellier sont conformes aux règles de l’Union en matière d’aides d’État ». Ryanair qui a rapidement réagi le jeudi 5 juillet 2018, pour affirmer que les arrangements aéroportuaires, et l’accord de Montpellier sont conformes aux règles de l’UE en matière d’aides d’État. Pour rappel, le 23 juillet 2014, la Commission avait conclu que Ryanair, dans les cas de Pau, de Nîmes et d’Angoulême, avait bénéficié de ces aides d’État incompatibles avec les règles de l’UE.

2017, 1,9 million de passagers sont accueillis à l’aéroport de Montpellier. Reste à savoir si, un avantage économique indu a été accordé à Ryanair par rapport à ses concurrents ?

Aout 2018, Ryanair refuse d’indemniser ses passagers pour les vols annulés. La compagnie est face à une grève de pilotes dans cinq pays européens. Les syndicats reprochent à la firme irlandaise sa politique d’emploi, avec le recours à des contrats précaires et l’usage d’un dumping social. L’entreprise qui fait désormais travailler 15 000 personnes ne peut plus agir aussi durement qu’à ses débuts. Mr O’Leary supporte bien ces « agitations » sociales qui deviennent récurrentes. Dans ce secteur hautement concurrentiel, Ryanair reste rentable, avec une marge nette de 20 % l’an dernier. Son bénéfice net en 2017 était de 1,4 milliard d’euros.

Crédit photo (Michael O’Leary, le patron de Ryanair)Filipo Monteforte – AFP


Mise à jour le 13/08/2018

lemouvement.info contacté par Ryanair, et le service « Sales & Marketing Executive » (dans un mail du 13 août 2018 à 11:32), communique à leur demande les compléments d’information suivants :

Leur déclaration quant à leur activité à Montpellier : « Tous les arrangements aéroportuaires de Ryanair sont entièrement conformes aux règles de l’UE en matière d’aides d’État et nous sommes convaincus que l’UE considérera que notre accord de Montpellier est conforme aux règles de l’UE en matière d’aides d’État ».

Et les notes de brief concernant les conditions de travail des pilotes et personnel naviguant Ryanair : Pilot Briefing note June 18 & Cabin Crew briefing note – July 18

De notre côté, nous leur avons demandé de nous apporter quelques informations complémentaires sur ces « arrangements aéroportuaires », sur les années 2015, 2016, 2017 et 2018. Et aussi quelques précisions sur leur relation avec l’Association de promotion des flux touristiques et économiques (APFTE), une association indépendante de l’aéroport de Montpellier, financée par des entités publiques locales et régionales, qui a passé depuis 2010 des contrats dits de « services marketing » avec Ryanair.

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