42e congrès de la Mutualité Française, un discours très attendu, mais encore brouillon quelques heures avant la première. Quand un film est décevant, il faut mettre le paquet sur la bande-annonce.

Une bande annonce de 1 minute et 53 secondes, une vidéo lâchée par l’Élysée sur les réseaux sociaux via le compte Twitter de Sibeth Ndiaye, directrice de la communication, il est 00h28 le 13 juin 2018. Plan latéral, comme volé, on voit le chef de l’État résumer le discours qu’il souhaiterait, et qui n’est pas encore prêt à quelques heures d’une prise de parole essentielle, sur la politique sociale.

Devant des conseillers, que l’on ne voit pas, Emmanuel Macron est direct : « honnêtement je l’ai lu le truc, on comprend rien. Le discours, on ne comprend pas tel qu’il est fait aujourd’hui. C’est aberrant… » Il conclura que leur premier « jet » n’est pas cohérent en usant de cette image à propos de leur texte : « c’était de la lasagne, faite avec de la paella… »

Responsabiliser les gens pour qu’ils sortent de la pauvreté

Idée de génie pour faire parler du discours, avant le discours, sans parler du discours, en oubliant le discours, faire uniquement de la punchline : « Moi, je fais un constat qui est de dire que dans tout le système social, on met trop de pognon, on déresponsabilise, et on est dans le curatif… » ; « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux… »

Les ingrédients de base sont donnés : « Il faut prévenir la pauvreté et responsabiliser les gens pour qu’ils sortent de la pauvreté. Et sur la santé, c’est pareil. Tout le système de soins que je veux repenser, c’est aller vers plus de prévention pour responsabiliser. »

Du rouge au bleu, et un florilège de Présidents et Présidente

Question décor, cela a commencé dans le rouge pour ensuite accueillir dans le bleu, le président de la République. Le président de Montpellier Metropole Méditerranée, Philippe Saurel a rappelé la visite de Raymond Poincaré au siècle dernier et a créé un effet d’annonce riche de sens en donnant à la visite d’Emmanuel Macron, son côté : comète de Halley. Mieux, en faisant allusion à ce qu’avait titré, à l’époque le Petit Méridionale, ancêtre du MidiLibre : « la démocratie méridionale reçoit Raymond Poincaré » il nous indique peut-être qu’il existerait, dans le Sud, une démocratie différente. Ou bien, une autre façon de dire poliment cette fois, qu’ici on fait ce que l’on veut. Mais question mutualité, Philippe Saurel a tenu à souligner son statut particulier de « maire et dentiste mutualiste toujours en exercice. » Certes, il précisera qu’il pratique aujourd’hui son métier à « dose homéopathique ». Mais pour le maire de Montpellier, avec son expérience professionnelle et avec ce qu’il a déjà installé dans la métropole : « la Mutualité est force de proposition pour l’avenir. » II fera aussi référence au « Pacte de Confiance », dans lequel il s’est engagé avec les maires de 31 communes. En précisant que ce pacte a ses racines dans la culture mutualiste. Politiquement si l’un, Emmanuel Macron avait su se définir « ni à droite ni a gauche », l’autre Philippe Saurel a su se définir, tout à droite et tout à gauche, au détour de sa définition de la Mutualité : « La Mutualité, ça tient de la droite, ça tient de la gauche, ça tient de l’humanisme »

La présidente de la Région, Carole Deldga était dans une version Tour Operator. L’accent en moins et l’anglais en plus, on aurait pu penser être en Californie. Elle précisera qu’avec 30.000 chercheurs, et environ 250.000 étudiants, l’Occitanie est dynamique, et dit-on la plus attractive de l’Hexagone. « Les mutuelles sont exemplaires de l’économie sociale et solidaire […] Nous avons besoin d’une économie qui offre plus de partage » a dit la présidente, pour enchainer une conclusion en citant Jean Jaurès : « La véritable richesse… c’est celle qui ne diminue pas, si on la partage. »

Pour Thierry Beaudet, Président de la Mutualité Française « il est impératif de réduire les inégalités devant l’âge… »  En précisant que « bien vieillir se construit dès l’enfance… » Et à l’adresse du chef de l’état : « Nous vous proposons d’être, aux côtés de l’État, des inventeurs du futur de la protection sociale et de la santé. » Il a aussi indiqué : « nous sommes des entrepreneurs sociaux ».

Le reste à charge zéro et la « logique de guichet »

Lors de cette allocution présidentielle du 13 juin 2018, à l’occasion de l’ouverture du 42e congrès de la Mutualité Française, l’annonce a été faite que la réforme du reste à charge zéro en optique, dentaire, et audioprothèse, c’est à dire le : « 100% santé » sera finalisée en 2021. Bridge, tympan et lunettes suffiront-ils pour entamer une reconquête sociale ? Emmanuel Macron engage le passage de la logique de guichet, à la logique d’accompagnement, pour les prestations sociales, des plus démunis. Mais y aura-t-il pour autant un virage social après avoir privilégié au pas de charge, des réformes économiques libérales ?

Rien n’est moins sûr. Emmanuel Macron a fait la distinction entre ceux qui subissent, qui sont coincés dans la « grande exclusion » et selon ses mots : « ceux qui peuvent revenir vers le travail, mais que rien n’incite ». Et donc sa solution : « Il faut responsabiliser, et accompagner », et « ne pas considérer que la seule réponse, c’est l’argent de la collectivité ». Faut-il rappeler que les minima sociaux permettent de survivre et non pas de vivre ? Une réalité à ne pas perdre de vue, au Congrès à Versailles, début juillet où devrait être dévoilé le plan anti-pauvreté du gouvernement, avec l’automatisation du versement des minima sociaux.

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