C’est un film sur d’ex-détenus palestiniens, primé à la Berlinade 2017 (prix du meilleur documentaire) que présentait vendredi 6 avril dernier, le Cinéma Diagonal, dans le cadre de la manifestation « Le Temps de la Palestine« , à l’initiative de la Campagne BDS France Montpellier en partenariat avec la CIMADE 34, La Campagne Civile Internationale Protection Peuple Palestinien (CCIPPP), l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), L’Association France Palestine Solidarité 34 (AFPS), le Mouvement pour une Alternative Non violente (MAN), le Centre Documentation Tiers Monde 34 (CDTM) , le Front Uni des Immigrations et des Quartiers populaires 34 (FUIQP), l’Association des Palestiniens du Languedoc Roussillon (APLR), le Collectif des Musulmans de France (CMF), le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Podemos Montpellier

« 750 000 Palestiniens qui ont fait l’expérience des prisons israéliennes et des centres d’interrogation depuis 1967 »

« Ghost Hunting » ou « La chasse aux fantômes » en français est le second long métrage du cinéaste palestinien Raed Andoni, adepte du « cinéma vérité » et réalisateur de « Fix Me » (2009). Suite à son mode particulier production, le film ne devrait pas sortir en salle avant fin 2019.

Dédié aux « 750 000 Palestiniens qui ont fait l’expérience des prisons israéliennes et des centres d’interrogation depuis 1967 », ce film aborde le problème des prisonniers-res palestiniens-nes. C’est un film, une fiction, un documentaire et une reconstitution : dure et cathartique dans son approche du réel. Le réalisateur Raed Andon, palestinien, rassemble un groupe d’ex-prisonniers pour recréer Al-Moscobiya, centre d’interrogatoire du Shin Beth, le service du renseignement israélien à Jérusalem, où il a été emprisonné à l’âge de 18 ans.

Sous le régime de la « détention administrative », Israël a incarcéré des milliers de palestiniens qu’elle considérait dangereux pour sa sécurité. L’État hébreu nie aujourd’hui y avoir procédé à la torture. Au cours de l’œuvre, les prisonniers palestiniens de la société civile témoignent, reviennent alors souvenirs et sentiments, fantômes du passé proche. Au fur et à mesure que les parois des cellules s’élèvent et que la reconstitution s’élabore, les langues se délient et les émotions se libèrent.

« Ils utilisaient mes besoins psychologiques contre moi », expliquera un des protagonistes de cette reconstitution.

Wade Hanini, assistant du réalisateur, comédien et ex-détenu politique (3 ans) précise : « dans la vie de palestinien, la vie quotidienne, il y a plein de crises qui arrivent, toujours.
Il n’y a pas de temps pour analyser la crise, avant que la deuxième arrive, et la troisième arrive. Il faut juste survivre » et « la prison c’est dans ce cadre, une expérience très particulière, c’est comme un viol, c’est très personnel, très particulier. Les prisons politiques sont très intimes ».

« Il y a une force dans l’humain, ce n’est pas politique, ce n’est pas idéologique, c’est ce que j’ai appris dans ce film. Cette force c’est l’amour.
C’est ce que j’ai appris avec le personnage principal », « c’est lui qui a toujours gagné, il est toujours dans une prison israélienne, lui, il a passé tous les interrogatoires et il n’a jamais donné aucune information. »

« Tous les films qui ont déjà traité ces sujets, dans le monde arabe et les films internationaux qui ont traité les prisons politiques, soit en Israël, soit dans d’autres pays, ne sont pas arrivés à toucher l’individualité du prisonnier, toutes les forces et les faiblesses de cette expérience. » explique l’assistant réalisateur. La trame du film est limpide pour lui : « C’est quoi la liberté, exactement ? Ça existe, mais où ? Ça veut dire quoi pour quelqu’un qui a passé tout ça ? »

Capacité à affronter les traumatismes, rapport fort-faible, droit à la faiblesse, brutalisation des corps et thérapie collective, sont quelques-uns des thèmes traités tour à tour par ce film, que l’on ne peut que vous conseiller de découvrir.

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