Le rassemblement avait lieu ce mardi à 7h30 devant la Faculté de Droit et de Science Politique. Son but : appuyer le CHSCT (Comité d’hygiène et de sécurité des conditions de travail), organe compétent et indépendant de l’Université de Montpellier, qui se réunissait en début de matinée.

Le barrage filtrant devait laisser passer tous les possesseurs de cartes universitaires, mais il semblerait qu’il ait eu des consignes plus strictes.

« C’est assez simple, moi , je suis enseignant-chercheur à l’Université de Montpellier, donc j’ai une carte d’enseignant-chercheur, on voulait voir, s’il était possible pour l’ensemble des enseignants-chercheurs de rentrer dans les locaux de la Fac de Droit, apparemment ce n’est pas possible. Donc les agresseurs sont à l’intérieur, mais les gens qui sont comme les représentants syndicaux ne peuvent pas rentrer », selon Yann Leredde du SNE-SUP FSU. Muriel Ressiguier, Députée de l’Hérault a pu constater le refus d’accès à la faculté à certains doctorants.

Mardi 3 avril : une ouverture prématurée de la Faculté de Droit et de Science Politique ?

Richard Abauzit, ancien inspecteur du travail et militant syndicaliste à Solidaires 34, explique la situation : « il y a eu une tentative d’occupation de la Fac de Droit, pacifique qui a été décidée par une assemblée générale, suite à cela l’administration aidée de vigiles, plus quelques fachos, étudiants, sans doute, et enseignants ont attaqué pendant la nuit, tranquillement, des étudiants installés dans l’amphi. Il y a eu des blessés sérieux, il y a eu des vigiles qui sont encore présents, qui se sont servi de leurs passivités, d’une part, et de tasers d’autre part pour aider à l’affaire. »

Il précise : « Aujourd’hui, on assiste à une réouverture de la Faculté de Droit, tranquillement encadrée par les CRS et les vigiles toujours présents, qui ne sont pas inculpés, qui ne sont même pas entendus », « les agresseurs sont dans la Fac de Droit ». Pour le syndicaliste, indigné : « on envoie des étudiants aller étudier avec des agresseurs, comment c’est possible ? »

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La « porte-parole » du  « comité de mobilisation de la Faculté de Droit et de Science Politique » précise :« aux étudiants qui réclament la reprise des cours, nous comprenons ta position et ton inquiétude vis à vis du passage des partiels et de la validation des diplômes, nous aussi en tant qu’étudiants de la Faculté de Droit et de Science Politique souhaitons la réouverture de la Fac et la reprise des enseignements ».

Elle reproche surtout que « tous les témoins n’ont pas encore été entendus », « c’est dans ce sens que nous ne pouvons soutenir une reprise des cours dans le calme et la sérénité. En effet toutes les personnes de l’administration, du personnel, du corps enseignant et de la sécurité n’ont pas été entendues, des témoignages manquent et l’enquête n’est pas terminée. La reprise de la Fac dans le calme et la sérénité nous semble ainsi impossible ».

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Un point de vue partagé par Colas Valat, militant de la Ligue des droits de l’homme : « on vient pas là pour prendre parti, on vient simplement là pour témoigner de ce qui va se passer, de ce qui se passe, et de dire qu’effectivement de notre point de vue, aujourd’hui, les conditions ne sont pas réunies pour que les cours se passent dans la sérénité et que la Faculté, de notre point de vue, ne devrait pas ré-ouvrir tant que les gens qui sont les auteurs de l’expulsion manu militari des étudiants de l’amphi ne soient pas identifiés, condamnés et si ce sont des personnels de la Fac, qu’ils soient virés ».

Pour d’autre étudiants, dont Victor Pelissier, la situation crée « une ambiance bizarre pour la reprise des cours. Si on m’avait dit que je reprendrais les cours dans cette ambiance tendue et presque morose, je ne l’aurai pas cru. Là, on va reprendre les cours, on espère qu’avec la reprise des cours cette histoire va se régler surtout. Parce que les étudiants en Droit et Science politique sont victimes de tout ce qui se passe actuellement. Et, je pense que la meilleure réponse a donner, c’est de reprendre les cours, pour que l’enquête puisse se poursuivre de son côté et que cette histoire soit réglée le plus rapidement possible pour qu’on puisse chacun valider nos semestres et finir notre année ».

En fin de matinée, le cortège s’est dirigé vers la gare afin de rejoindre syndicalistes et manifestants de la grève nationale.

On a appris en début d’après-midi, selon médiapart, que : « Un témoin central de l’enquête sur les violences à la faculté de droit de Montpellier vient de saisir l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour dénoncer les conditions de son audition ». En réaction, Murielle Ressiguier, députée de l’Hérault appelle « Nicole Belloubet, Ministre de la justice et Gérard Collomb, Ministre de l’Intérieur, à prendre la mesure de la situation et à faire tout ce qui est en leur pouvoir dans le cadre de leurs attributions respectives pour que ces actes anti-républicains soient fermement sanctionnés. »

Peu après la manifestation, les étudiants sont retournés en direction de la Faculté de Droit, rendue inaccessible par les forces de l’ordre.

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