La volonté du haut commandement français lors de la Première Guerre mondiale de rendre une justice « pour l’exemple » fait encore aujourd’hui débat.

Pourtant des éléments concrets démontrent une incontestable volonté de marquer les esprits. En atteste le cérémonial macabre des exécutions devant le front des troupes, ainsi que la publicité donnée aux condamnations et aux exécutions au sein de l’armée. Tout comme le motif de désignation des accusés, qui relevait bien souvent du plus pur arbitraire dans le but avoué de réprimer les mouvements collectifs de désobéissance.

Et la chanson de Craonne dans tout ça ?

Chanson populaire et contestataire, la chanson de Craonne a été créée et chantée par les soldats français durant la Première Guerre mondiale, entre 1915 et 1917. La chanson témoigne de la lassitude des soldats et d’un profond mouvement de contestation, suite à l’échec de l’offensive d’avril 1917 du Chemin des Dames menée par le général Nivelle et ses 350.000 blessés ou morts. La contestation culminera avec une mutinerie de près de 30.000 soldats. Peu après, Pétain appelé en secours, traitera la contestation à sa façon, exécutant 57 hommes « pour l’exemple » et en condamnant 554 à mort.

La chanson de Craonne fut interdite par le commandement militaire en raison de ses paroles antimilitaristes. La censure ne fut levée qu’en 1974, sous la présidence de Valéry Giscard D’Estaing. La Grande Guerre a fait près de dix millions de morts civils et militaires.

La question des fusillés de la Grande Guerre

Cette question hante la mémoire de la Première Guerre mondiale. Elle couvre une réalité confuse : tous les fusillés n’ont pas été « fusillés pour l’exemple », certains l’ont été pour des assassinats ou des viols. Ainsi, il y aurait eu en réalité 639 fusillés pour « désobéissance militaire », « pour l’exemple », dans l’armée française – surtout sur la période septembre-octobre de 1914, au moment des premières défaites françaises et de la reprise en main de l’armée. Mais cela n’excuse pas pour autant la cinquantaine d’exécutions effectives et consécutives à l’offensive du Chemin des Dames de 1917.

Faut-il réhabiliter les « fusillés pour l’exemple » de la guerre de 1914-1918, réhabiliter les 639 condamnés à mort, en France, et dont l’honneur n’a pas été restauré par de précédentes révisions ?

Le député de La France insoumise Alexis Corbière a répondu par l’affirmative devant l’Assemblée Nationale en séance, en demandant la réhabilitation des fusillés « pour l’exemple », comme a pu le faire le député PCF Jean-Paul Dufrègne devant la commission élargie Défense et Finances.

La Libre Pensée répond elle aussi présente avec 83 rassemblements et initiatives dans toute la France à l’occasion du 11 novembre.

En conclusion : « Qu’elle soit nécessaire, ou même justifiée, ne croyez jamais que la guerre n’est pas un crime. » – Ernest Hemingway

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